Veronica, my life 1995 – 1997

Lorsque j’ai rencontré Artus en 2009, alors qu’il préparait une nouvelle série de grands dessins noir et blanc pour une exposition, j’ai été frappé par la quantité de diapositives qu’il conservait dans les tiroirs métalliques sous son bureau. Tout était classé, répertorié, numéroté et bien que j’ai toujours croisé Artus avec son Leica, il me semblait pour la première fois évident qu’il était bien, et peut-être même avant tout, un photographe.

Sur la table lumineuse, sur laquelle il réalise aussi la plupart de ses dessins, il me montra plusieurs séries photos liées à différents moments de sa vie. C’est celle sur Veronica, son ex-femme américaine, qui me plut particulièrement. Essentiellement constituée de portraits profondément intimes et francs, cette série déjà intitulée Veronica – my life agit comme le révélateur d’une époque, mais aussi comme une forme d’autobiographie visuelle dans laquelle Artus se documente lui-même ainsi que ses proches.

Ces photographies correspondent également à la période durant laquelle il prendra la décision de devenir artiste. A partir de ce moment, il délaisse l’idée de peindre ou de faire de la bande dessinée et choisi une autre voie : celle de documenter sa vie ou d’archiver son vécu comme il le dira plus tard, c’est-à-dire avoir une pratique, quelque soit le medium utilisé qui lui permette de partager avec le plus grand nombre et par tous les moyens. Il est photographe pour le magazine de skateboard Tricks qu’il a cofondé lorsqu’il commence à photographier l’autre côté - non pas des figures de skate, mais ce qui lui arrive dans la vie de tous les jours.

Il commence alors à projeter ses images aux gens et amis de passage dans sa petite chambre de 15m2, sous forme de diaporama mis en musique, le plus souvent sur le Withey Album de Sonic Youth. Comme il me l’explique au moment où je décide de réactiver ce premier diaporama Veronica my life 1995-1997, il avait choisi la diapositive pour gagner du temps sur le choix et le tirage et ne pas empiéter sur ses autres pratiques, et le format du diaporama car il lui était alors impossible de regarder ses images sur une table lumineuse « à cause de ses chats ».

Au total, ces plus de 200 diapositives réalisées entre le milieu et la fin des années 90, aussi compilées sous la forme d’un livre auto-édité, n’ont encore jamais été révélées au grand public. C’est la raison pour laquelle, j’ai décidé de les partager ici, sur le site de la Deadpan Foundation. Le 1er novembre 2020, Artus a inséré les chariots de diapositives dans son vieux projecteur Leica Pradovit 150, dans La Chambre entièrement reconstituée, et a accepté de commenter ses images. C’est un extrait de cette version du diaporama, quelque peu remonté et augmenté qui est disponible ici.
JP

Toutes les photographies ©Artus de Lavilléon ©Deadpan Foundation